La kermesse scolaire
Ca y’est, le mois de juin est là, la fin de l’année scolaire approche, c’est le moment des kermesses d’école. La kermesse scolaire est le lieu de rites forts étranges que je m’en vais passer en revue sans prétendre à l’exhaustivité :
Dans les écoles publiques, l’approche des kermesses procure un léger frisson, voire quelques sueurs froides aux enseignants les plus militants, hussards de la république à cheveu long et chemise ample. Il est vrai que la kermesse a un petit côté fête patronale, le mot kermesse voulant dire messe d’église en flamand, de quoi faire bondir nos fiers pourfendeurs de soutane.
A l’approche des kermesses les écoles ouvrent un peu plus leurs portes aux parents ce qui procure également frissons et sueurs froides à une certaine catégorie d’enseignants qui aimeraient bouter définitivement les parents hors les murs du temple de l’enseignement sous le fallacieux prétexte que les parents, c’est bien connu, ne connaissent rien aux enfants et à l’éducation.
Fin des querelles partisanes entre FCPE et PEEP, l’union sacrée est de rigueur pour préparer la fête, et l’on voit avec bonheur le lecteur de l’Huma accrocher une guirlande avec la lectrice du Figaro, Sarkosystes et Segoliens préparer les merguez de concert.
Drame éternel de tous les mouvements ayant pour principe le volontariat, ça ne se bouscule pas au portillon pour donner le coup de main. Et l’on voit d’année en année une poignée d’irréductibles trimer dans la bonne humeur devant les regards éteints des éternels consommateurs qui, de toutes les façons auraient fait mieux mais ils n’avaient pas le temps ou mieux à faire.
Tous les sympathiques parents volontaires vont avec zèle préparer leur spécialité culinaire qui les a rendu célèbre ce qui, dans les écoles à population d’origine diverse et variée, donne droit à des dégustations de pâtisseries aux noms imprononçables, d’entrée aux ingrédients inconnus, de spécialités régionales obscures mais généralement, c’est délicieux… Mais pas toujours quand même.
Là, ça confine au génial ! Après avoir fait le tour des commerçants du quartier, des sociétés diverses, après moult démarches auprès de généreux donateurs et après récupération de ci de là on se retrouve avec un bric-à-brac des plus hétéroclite de lots parmi lesquels les incontournables : Porte-clés promotionnels, gadgets de plastique à la durée de vie infime, revues périmées, balles rebondissantes, gadgets de fast-food… Dieu merci (je devrais essayer d’éviter de remercier Dieu, ça pourrait énerver les défenseurs de la laïcité susnommés), il y a les GROS lots et là, quelques fois c’est franchement pas mal, mais là n’est pas le but de la manœuvre.
Le but de la kermesse est de récolter des fonds pour que les bambins puissent faire des trucs sympas que l’éducation nationale ne veut pas leur payer avec nos impôts. C’est donc une forme de contribution indirecte et volontaire, un peu comme le PMU, mais pas tout à fait quand même. Ceci étant posé, les parents se prêtent souvent de bonne grâce à l’achat de tickets pour les jeux et repas et de moult tickets de tombola.
A la fin de la kermesse, il reste à faire le ménage… Et alors là, c’est Waterloo morne plaine… A peine le temps de se retourner, pfuittt, tout le monde à disparu ou presque.
Voilà bien le but de la manœuvre ! Que les enfants s’amusent que diable ! (faut aussi que je fasse gaffe avec diable), que les élèves rigolent en faisant des jeux idiots, qu’ils mettent toute leur concentration pour gagner un truc sans valeur, qu’ils jettent des papiers dans la cour, qu’ils s’empiffrent de bonbons, qu’ils vannent (gentiment) leurs profs, qu’ils oublient que ça n’a pas été marrant tous les jours dans ces murs ! Qu’ils y apprennent la fête et la convivialité, deux matières aussi importantes que les maths et le français.
A tous les profs qui jouent le jeu, à tous les chefs d’établissement qui facilitent l’organisation, à tous les parents d’élèves qui se serrent les coudes pour que plus belle soit la fête, à toutes les cuisinières, à tous les chauffeurs de merguez, à tous les passeurs de balai, à tous les tenanciers de stand, à toutes les maquilleuses, à tous les accrocheurs de lampions, aux généreux donateurs, à toutes les bonnes volontés, bénévoles, généreux, souriants merci.
Aux enfants, sages et turbulents, premiers et derniers, sportifs et intellos, blagueurs et sérieux, gagnants et perdants, petits et grands, merci.