Ca va mieux en le disant
Il est presque minuit, le téléphone sonne :
-Bonsoir monsieur, c’est l’hôpital de Meaux, vous êtes bien le fils de Madame E ?
-Oui.
-Votre maman va très mal, ce serait bien si vous pouviez venir…
-Oui.
Ce coup de fil, je l’attendais, forcément, j’avais imaginé mille scénarios à cette scène de la vie ; il me restait à la vivre, sans réfléchir, juste la vivre.
Confier les enfants.
Prendre un taxi avec ma femme (l’amie des bons et des mauvais jours, promis un jour, je vous en parlerais) parce qu’on a pas de voiture.
45 minutes de taxi de nuit, la radio en fond sonore, peu de paroles, coup de fil à l’hôpital, prévenir de mon arrivée.
Monter dans le service dans le vide de la nuit.
-Bonsoir, je suis son infirmière, c’est bien que vous soyez venu, je suis passé voir votre maman il y a dix minutes, je lui ai dit que vous arriviez.
J’entre dans la chambre et je sais, l’infirmière et l’aide-soignante savent aussi.
– silence –
-Je crois que c’est trop tard monsieur, voulez vous que nous vous laissions un moment.
-Oui, merci
Je suis dans la chambre avec ma femme qui est là (c'est-à-dire complètement là, sa présence silencieuse, son regard comme le meilleur des soutien).
Je suis face à la mort de celle qui m’a donné la vie ; face à
Je lui ai pris la main, je l’ai embrassé je lui ai dit adieu.
Ma femme lui a dit adieu, nous sommes restés là, quelques minutes en silence, nous sommes sortis de la chambre.
L’infirmière et l’aide-soignante nous ont offert à boire, gentiment, simplement.
-Qu’est-ce que je dois faire maintenant ?
L’infirmière pouvait répondre à la partie administrative de la question, pour le reste, c’était à moi de trouver les réponses.